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La Violence Éducative Ordinaire

Quid de la VEO

L’acronyme « VEO » est la Violence (physique, psychologique ou verbale) utilisée envers les enfants dans une intention Éducative (pour leur « bien », pour qu’ils aient un « bon comportement »), culturellement admise et tolérée, dans tous les lieux et tous les milieux ; elle en devient alors « Ordinaire ».

Nous trouvons dans le registre des VEO :

  • les violences physiques : fesser, gifler, mettre des « petites » tapes sur les mains, secouer, tirer les oreilles, bousculer, pousser, priver de nourriture…
  • les violences psychologiques : punir, culpabiliser, faire du chantage, menacer, priver d’affection, menacer d’abandonner l’enfant…
  • les violences verbales : crier, insulter, se moquer, humilier…

La VEO regroupe donc tous les moyens violents que les parents utilisent pour faire obéir l’enfant et changer son comportement. La VEO se transmet ainsi de génération en génération : les parents reproduisent ce qu’ils ont vécu lorsqu’ils étaient enfants et pensent ainsi donner « une bonne éducation » à leur enfant. Notre société est marquée par certaines croyances erronées selon lesquelles « l’obéissance et les châtiments corporels seraient des principes éducatifs ». Ces « principes éducatifs » sont le fruit d’une méconnaissance du développement cognitif et affectif des enfants. Certains parents et éducateurs interprètent donc, à tort, les comportements de leur enfant (en les qualifiant notamment de « caprices ») et il est très répandu de croire qu’un enfant deviendrait un « enfant-roi » si les parents ne le punissent pas quand il se « comporte mal ».

Un problème sociétal

Cependant, de nombreuses études ont prouvé les méfaits de la VEO sur la santé et l’inefficacité de celle-ci sur les comportements de l’enfant. La VEO augmente le risque de développer des troubles psychologiques (tels que l’anxiété ou la dépression) et des troubles somatiques divers (tels que les pathologies cardiaques, auto-immunologiques ou cancéreuses). Elle accroît aussi le risque de développer des comportements agressifs ou d’en subir.

Les conséquences de la VEO sont considérables. Elles constituent une question de santé publique parce qu’elle est encore très largement employée : 85 % des parents reconnaissent avoir recours à la fessée (71,5% à des « petites gifles »). La moitié des enfants sont frappés avant l’âge de 2 ans, et les trois quarts avant l’âge de 5 ans (étude menée par l’OVEO (Observatoire de la violence éducative ordinaire) en 2017).

Remettre en cause l’éducation de nos propres parents peut être difficile et douloureux. Nous pouvons avoir le sentiment de leur manquer de respect ou encore ressentir de la colère à l’idée qu’ils aient été violents. Néanmoins, il est important de comprendre qu’il est possible d’éduquer un enfant sans violence. Le changement dans notre manière d’éduquer ne sera pas immédiat et il n’existe pas de recette miracle. Toutefois, en changeant notre regard sur l’enfant et en comprenant les différentes étapes de son développement, nous pourrons changer de paradigme. Il est nécessaire de se questionner sur notre histoire et notre relation avec nos propres parents, mais aussi sur la relation que nous souhaitons développer avec nos enfants. Il est surtout essentiel de se reconnecter à nos émotions et à notre empathie. Ce processus exigera nécessairement du temps et de l’énergie, mais il permettra à nos enfants de grandir sans violence.

La violence ne peut pas être cautionnée ; elle n’a PAS de valeur éducative.

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