StopVEO co-signe le manifeste de Muriel Salmona
Les violences faites aux enfants sont de graves atteintes à leur intégrité physique et mentale, ainsi qu’à leurs droits. L’exposition précoce à la violence a été reconnue par la communauté scientifique internationale comme la principale cause de mortalité précoce et de morbidité à l’âge adulte. Il s’agit d’une urgence humaine et sociale, et c’est un problème majeur de santé publique.
Dans le monde, un enfant sur quatre a subi des violences physiques, une fille sur cinq et un garçon sur treize des violences sexuelles, un enfant sur trois des violences psychologiques (Enquête Hillis citée par l’OMS 2016).
En France, nous avons très peu de chiffres et pas d’enquête de victimation directe auprès des enfants, mais à partir de celles faites auprès d’adultes qui rapportent les violences subies dans leur enfance, on peut estimer que chaque année, plus de 124 000 filles et 30 000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols (CSF 2008, CVS-ONDRP 2012-2015), 140 000 enfants sont exposés à des violences conjugales (CVS-ONDRP 2012-2015), et au moins 300 enfants sont tués (environ 100 homicides d’enfants de moins de 15 ans sont rapportés chaque année par la police et la gendarmerie et au moins 200 décès inexpliqués d’enfants de moins de 1 an seraient en réalité des homicides, Turz, 2010).
Destructrices et traumatisantes, les violences ont de très lourdes répercussions sur la vie, le développement, le comportement, la scolarité et la santé des enfants avec des atteintes physiques, psychiques et neurologiques, endocriniennes et immunitaires et même génétiques qui risquent de les impacter tout au long de leur vie. Le cerveau des enfants est très vulnérable aux violences et au stress extrême.
La très grande majorité des enfants victimes de violences ne sont jamais protégés, ni reconnus. Ils n’ont que rarement accès à la justice et à des réparations. Leurs traumatismes psychiques à l’origine des très lourdes conséquences sur leur développement et leur santé à long terme, ne sont presque jamais pris en charge.
Avoir subi des violences dans l’enfance :
- est la principale cause de décès précoces à l’âge adulte ;
- est le déterminant principal de la santé 50 ans après ;
- et peut faire perdre 20 ans d’espérance de vie.
Comme l’ont démontré de grandes études épidémiologiques internationales sur les ACE depuis 1998 (Felitti et Anda, 1998, 2010, Hillis, 2016, Brown, 2009), ce risque est gradué en fonction de la gravité des violences et de leur nombre.
Le principal risque, tout au long de sa vie :
- de se suicider ou de faire des tentatives de suicides,
- d’être alcoolique, toxicomane, tabagique,
- d’être obèse,
- d’avoir des comportements à risque,
- d’être déprimé,
- d’avoir une grossesse précoce,
- de se retrouver en situation de précarité, de marginalisation ou de situations prostitutionnelles,
- de subir de nouvelles violences, ou de commettre des violences.
De très forts liens sont également retrouvés avec de nombreux troubles psychiatriques, cardio-vasculaires, endocriniens et gynécologiques, avec des maladies auto-immunes et neurologiques, des infections sexuellement transmissibles, des cancers, des douleurs chroniques, etc.
Pour ces enfants, cette absence de protection et de prise en charge est une lourde perte de chance. Cette perte de chance est d’autant plus scandaleuse que les soins sont efficaces et permettent d’éviter la répétition des violences et la plupart des conséquences à long terme.
Sortir du déni, protéger et soigner ces enfants est un impératif humain absolu et une urgence de santé publique et nécessite une volonté politique forte.
En signant ce manifeste, nous nous engageons :
- à lutter contre le déni en m’informant et en informant
- à reconnaître la gravité de ces violences et l’urgence d’agir
- à respecter et faire respecter la loi et le droit des enfants à ne subir aucune forme de violence
- à lutter contre la loi du silence
- à m’investir dans la prévention
- à protéger les enfants victimes de violences
- à prendre en compte la souffrance et le traumatisme des enfants et des adultes qu’ils sont devenus, et la nécessité de soins spécifiques par des professionnels formés
- à lutter contre l’impunité et à permettre aux victimes d’obtenir justice et réparation
- à être solidaire et à accompagner au mieux ces enfants et les adultes qu’ils sont devenus
- à protéger les parents protecteurs et les professionnels de santé qui signalent des violences
Retrouvez l’intégralité du manifeste ‘Stop aux violences faites aux enfants de l’association « mémoire traumatique et victimologie »’ ainsi que tous les co-signataires.
Vous trouverez aussi la pétition ici.